Réflexion No. 72: Āyat 22: 11 – L’adoration conditionnelle

وَمِنَ النَّاسِ مَن يَعْبُدُ اللَّـهَ عَلَىٰ حَرْ‌فٍ ۖ فَإِنْ أَصَابَهُ خَيْرٌ‌ اطْمَأَنَّ بِهِ ۖ وَإِنْ أَصَابَتْهُ فِتْنَةٌ

انقَلَبَ عَلَىٰ وَجْهِهِ خَسِرَ‌ الدُّنْيَا وَالْآخِرَ‌ةَ ۚ ذَٰلِكَ هُوَ الْخُسْرَ‌انُ الْمُبِينُ

Waminan-nāsi man ya‘budul-lāha ‘alā ḥarfin fa-in aṣābahu khayruni-ṭma’anna bihi, wa-in aṣābathu fitnatunin-qalaba ‘alā wajhihi khasirad-dunyā wal-ākhirah. Dhālika huwa khusrānul mubīn

Il en est parmi les gens qui adorent Allah marginalement. S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi (le bien) de l’ici-bas et de l’au-delà. Telle est la perte évidente! (Sūratul Hajj, No. 22, Āyat 11)

 

Dans ce verset, Allah décrit les gens ayant une foi faible qui adorent Allah mais dont le culte manque de fermeté. Leur foi est superficielle, une foi qui ne va pas au-delà de leur langue. Le Tasfir-e-Namune explique que l’adoration superficielle d’Allah pourrait signifier que la foi s’arrête à la langue et seule une très faible lumière de foi pénètre dans le cœur. Cette faible lueur tremblotante peut s’éteindre très rapidement à la moindre perturbation. Cela pourrait aussi signifier que ces personnes se tiennent sur le bord de la foi, mouillant uniquement leurs pieds dans les eaux de la foi. Une légère secousse pourrait provoquer leur chute hors du chemin.

Le verset continue ensuite à décrire de quelle façon la foi de ces personnes est secouée. Si elles obtiennent des bienfaits dans ce monde, elles sont satisfaites et estiment que leur foi est confirmée. En revanche, si elles sont testées à travers des difficultés et des épreuves, ainsi que par la dissipation de leurs bénédictions, leur foi vacille et elles se détournent de Dieu. Comme si elles considéraient la religion comme étant un moyen permettant d’obtenir des biens matériels. Sans cela, la religion n’a aucune valeur à leurs yeux. Cette attitude leur cause la perte de l’ici-bas et de l’au-delà. (Q 22:11)

Ibn Abbas rapporte que ce verset a été révélé à propos des bédouins du désert qui venaient chez le Saint Prophète (s) et adhéraient à l’Islam. Lorsque leur richesse augmentait, leurs familles s’agrandissaient, leurs animaux et leurs fermes prospéraient, ils étaient heureux que l’Islam leur apporte de telles bénédictions. Mais s’ils faisaient face à des pertes et à des difficultés, et si leurs familles et leurs biens avaient souffert, les murmures de shaytan les submergeaient et ils étaient en colère contre l’Islam, pour leur avoir porté malheur.

Dans la société d’aujourd’hui, beaucoup de personnes associent la religion à l’acquisition de biens matériels. C’est une forme de polythéisme où les biens matériels et le confort sont adorés avec Dieu. Le Chef des Martyres, Imam al-Husayn (a) a dit: Certes, les gens sont les serviteurs de ce monde, et la religion se trouve attachée à leur langue, ils gravitent autour aussi longtemps qu’ils [profitent] de leur vie. Mais quand ils font face à des difficultés, les personnes réellement religieuses sont faibles en nombre. Une foi véritable et sincère signifie que Dieu est adoré exclusivement et, que quelles que soient les situations affrontées ici-bas, la foi ne change pas du tout de couleur.

Récitons ce verset et demandons-nous si nous n’adorons pas Dieu superficiellement. Il est encore temps de fortifier notre foi, plutôt que de rester à l’écart.

 

Sources:
Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Editeur), Tafsīr-e Namūneh;
Ibn al-Harrānī, Tuhaf al-‘Uqūl.