Réflexion Coranique n° 204. Āyat 54 :10 – La prière de Noé (a)

فَدَعَا رَبَّهُ أَنِّي مَغْلُوبٌ فَانْتَصِرْ
Fada‘ā rabbahu annī maghlūbun fantasir
Il invoqua donc son Seigneur : « Moi, je suis vaincu. Fais triompher (Ta cause) »
(Sourat al-Qamar, N°54, Āyat 10)

Le Prophète Nouh ‘alayhis salām a eu l’honneur d’être l’un des Prophètes dits Ouloul ‘Azm, il a vécu longtemps et a œuvré avec beaucoup d’efforts pour les gens. Il a usé de nombreux stratagèmes pour persuader son peuple de n’adorer qu’un Dieu Unique :
• Il les a poussés à réfléchir sur Allah ‘azza wajall :
Qu’avez-vous à ne pas vénérer Allah comme il se doit. (Q 71 :13)
• Il leur a rappelé les bienfaits d’Allah soubahanahou wata’ala sur eux et leur a demandé de Lui en être reconnaissant :
N’avez-vous pas vu comment Allah a créé sept cieux superposés et y a fait de la lune une lumière et du soleil une lampe ? (Q 71 :15-16)
• Il les a mis en garde contre la Colère de Dieu :
O mon peuple, je suis vraiment pour vous, un avertisseur clair. (Q 71 :2)
• Il leur a parlé de Son Pardon et de Ses Bienfaits s’ils se tournaient vers Lui :
Pour qu’Il vous pardonne vos péchés et qu’Il vous donne un délai jusqu’à un terme fixé. (Q 71 :4)
• Il leur a parlé en public et de manière individuelle en privé :
Ensuite, je les ai appelés ouvertement. Puis, je leur ai fait des proclamations publiques, et des confidences, en secret. (Q 71 :8-9)
• Il les a invités jour et nuit, sans relâche :
Seigneur ! J’ai appelé mon peuple, nuit et jour. (Q 71 :5)

Mais son peuple était têtu et a persisté à vivre de la même manière. La majorité d’entre eux avaient un cœur dur et n’étaient pas affectés par les enseignements de Noé. Ils se conseillaient mutuellement de rester fidèles à leurs idoles : N’abandonnez jamais vos divinités et n’abandonnez jamais Wadd, Suwa, Yaghhu, Ya’uq et Nasr. (Q 71 :23)
Ils ont fait du lobbying pour que d’autres se joignent à leur injustice et tournent en dérision le Prophète. Le Prophète Nouh (a) décrit ainsi leur attitude : Et chaque fois que je les ai appelés pour que Tu leur pardonnes, ils ont mis leurs doigts dans leurs oreilles, se sont enveloppés de leurs vêtements, se sont entêtés et se sont montrés extrêmement orgueilleux. (Q 71 :7)

Nabi Nouh (a) s’est senti submergé par la tyrannie et l’opposition. Ils étaient déterminés à ne pas adorer un Dieu Unique malgré tous les enseignements et conseils, il a donc réalisé qu’il ne réussirait pas à les changer. Ils rejetaient ses paroles, se moquaient de lui, persistaient dans leurs vices et péchés et désobéissaient de manière flagrante à tout ce qu’il leur disait. Noé n’a pas mis en doute la véracité de son message mais il s’est senti vaincu dans ses efforts pour la cause qu’il défendait. Après des centaines d’années d’efforts, il se sentait découragé. Il a gardé espoir durant tout ce temps mais s’est rendu compte que cela ne fonctionnerait pas. Il pria Dieu, Lui décrivit ce qu’il ressentait et Lui demanda de l’aide. Allah (swt) répondit à sa prière en envoyant les flots.

Imam al-Bāqir (a) dit au sujet de ce verset : Nouh est resté au milieu de son peuple durant mille ans moins cinquante et a prêché en privé et en public. Alors qu’ils continuaient à se détourner et à le rejeter, il dit : « Seigneur, je suis vaincu, alors aide-moi. » (Tafsīr Nūr al-Thaqalayn, 5 :177, H.8, traduit de l’anglais)

Ce verset nous rappelle que dans nos moments de désespoir, notre seul refuge est Dieu Tout-Puissant. Lorsque nous avons fourni tous les efforts nécessaires sans succès, la solution est de se tourner vers Allah ‘azza wajall et laisser l’affaire entre Ses Mains. Il s’en occupera, Il fera ce qu’Il juge être le mieux. La croyance au Rouboubiyyat (la seigneurie) d’Allah permet au croyant de Lui confier toute chose. Les efforts et le dur labeur sont accomplis grâce à l’aide d’Allah (swt) mais le résultat final se trouve entre Ses Mains. Au milieu des difficultés, c’est cette croyance qui donne de l’espoir et de la force. Laissons ce verset nous inspirer lorsque nous nous trouvons au milieu des continuels défis de la vie.

Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh