Réflexion Coranique 120. Ayat 2:219 – Que donner aux autres?

وَيَسْأَلُونَكَ مَاذَا يُنْفِقُونَ قُلِ الْعَفْوَ
Wayas’alūnaka mādhā yunfiqūn, qulil-‘afw
Et ils t’interrogent : « que doit-on dépenser ? » Dis «  ‘al-afw’ »
(Souratul Baqarah, No.2, Ayat 219)

Un jour un groupe de gens vint voir le Saint Prophète (S) et lui demanda ce qu’ils devraient donner aux autres. Ils savaient que Dieu voulait qu’ils donnent de ce qu’ils avaient en leur possession. Mais que donner et combien devraient-ils donner? Ils voulaient que le Prophète leur donne des détails. En réponse à leur question, Allah dit au Prophète de leur dire de donner le ‘afw.

Le mot ‘afw a plusieurs sens. La signification originale est de se pencher vers quelque chose pour le prendre. Au fil du temps, le mot a pris plusieurs sens y compris :
a)  fermer les yeux sur et pardonner
b)  ôter toute trace de quelque chose
c)  la voie du milieu
d)  ce qui est de trop
e)  le meilleur de ce que vous possédez

Etant donné que les trois dernières significations s’appliquent à ce qui peut être donné, l’interprétation du verset ci-dessus indique qu’il faut donner aux autres d’une manière équilibrée parmi ce que nous avons de meilleur.
Un hadith du Imam al-Sadiq (a) dit: Afw est le chemin du milieu/ l’équilibre (Nur  al-Thaqalayn, v.1, p. 210).

Le fil commun qui relie toutes les significations de ‘afw est de négliger ses propres droits pour le bien des autres. Malgré la possibilité et, souvent le désir, de se mettre au dessus des autres, une personne capable de préférer les autres et de s’oublier elle même a atteint une grande noblesse. Cette attitude permet à la personne de pardonner le mal qui lui est fait par les autres puisqu’elle n’est vraiment préoccupée par tout cela.  Cela lui permet également de donner ce qu’elle a aux autres étant donné qu’elle n’est pas très attachée à son propre confort et à ses besoins.

Les grands enseignements et pratiques du Saint Prophète (s) ont eu un tel impact que les Ansar de Médine avaient développé la vertu de l’altruisme envers les Mohājiroūn (Immigrants) de la Mecque. Allah (swt) fait référence à cela dans le Coran :
il (appartient également) à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que (ces émigrés) ont reçu, et qui (les) préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.  (Q 59:9).
La société qui pratique le ‘afw a des liens étroits. Les gens ne sont pas préoccupés que par eux-mêmes égoïstement. Ils considèrent les autres, et ne souhaitent pas que leurs besoins soient satisfaits en premier.
Tafsīr-e Namoūne dit qu’il est très probable que ‘afw signifie faire abstraction des fautes des autres. Cela n’était pas très pratiqué pendant l’époque de l’ignorance, étant donné que les gens se mettaient en guerre pour de petites affaires. Le Saint Prophète (S), à travers son exemple et ses enseignements, a appris aux gens à penser plus noblement, et leur a donné ce dont ils avaient le plus besoin, un grand cœur avec une place pour le pardon.

Récitons ce verset pour nous rappeler de donner ce qui importe le plus –  un ‘afw qui montre une considération pour les autres avant nous même. C’est un signe d’une noblesse mature.

Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed.), Tafsīr-e Namūneh; ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān