Réflexion No. 75: Āyat 13:22 – Détourner le mal par le bien

وَيَدْرَءُونَ بِالْحَسَنَةِ السَّيِّئَةَ

Wayadra’ūna bilHasnatis-sayyi’ah

Et repoussent le mal par le bien.

(Sūratul Ra‘d, No.13, Āyat 22)

Les Ulul Albāb sont mentionnés dans le Coran comme des gens dotés d’intelligence et de perspicacité. Plusieurs versets décrivent leurs qualités, et le verset ci-dessus fait partie d’un passage (Q 13:20-23) qui énumère neuf différentes qualités de ce groupe d’exception.

La neuvième et dernière qualité dans ce passage met en avant les gens qui combattent le mal par le bien. Cela a été interprété de deux façons:

1) Inverser par de bonnes actions, les conséquences néfastes du mal que nous avons commis. L’être humain commet des péchés, fait des erreurs, et est souvent fautif. Une bonne action doit alors s’en suivre afin de compenser le mal qui a été fait. Cela pourrait être une action dans l’intention de réparer le préjudice commis, ou une autre bonne action qui annulerait le péché. Tafsīr Namūne rapporte un Hadith du Saint Prophète (s) à Ma‘adh bin Jabal: Si tu commets une mauvaise action, fais une bonne action tout de suite après, afin de l’effacer. L’effet du bien est tel qu’il annihile les effets néfastes du mal. Faire une bonne action pourrait également être synonyme d’une repentance sincère qui effacerait l’impact du péché.

2) L’autre signification de détourner le mal par le bien est de se conduire positivement avec celui qui nous fait du tort. Ce qui signifie contrer le mal fait par les autres (et non par soi-même comme dans la première interprétation) par le bien. C’est une qualité magnanime très difficile à atteindre. Dans le Nahjul Balāgha, Imam Ali (a) écrit: Réprimande (admoneste) ton frère (camarade) par un bon comportement à son égard, et conjure son mal en le soutenant. (Nahj, Short Saying No. 158 – traduit à partir de la version anglaise). Cette qualité implique de pardonner à celui qui nous a blessé, de maintenir des relations avec celui qui veut s’éloigner, d’être aimable envers celui qui nous a opprimé, d’être juste à l’égard celui qui a été injuste envers nous, etc. Elle fait partie des plus nobles qualités décrites par Imam Ali Zaynul ‘Ābidīn (a) dans le Du‘ā Makārimul Akhlāq:

O Seigneur! Prie sur Mohammad et sur sa sainte Famille, et accorde-moi le bon sens pour que je puisse donner de bons conseils à celui qui m’en a donné de mauvais, et récompenser par une bonté celui qui m’a délaissé, et être généreux envers celui qui m’a privé, et compenser par une initiative de contact de ma part, celui qui s’est séparé de moi.  (Sahīfa Sajjādiyya, 20:9).

Le concept de détourner le mal par le bien englobe les 2 significations citées ci-dessus et peut s’appliquer aussi bien au mal que nous commettons nous-mêmes, qu’à celui que nous subissons. Evidemment, il ne s’applique pas à tous les préjudices commis. Certains vices, plus particulièrement ceux qui ont un effet nuisible sur la société, doivent être contrés avec un traitement juste et adéquat. Une réfutation générale du mal par le bien peut permettre à divers genres de vices de fleurir dans la société. Mais on dit aux croyants de repousser les erreurs que les gens pourraient faire dans leurs relations quotidiennes par l’intermédiaire du bien afin d’éviter l’amertume et la haine.

Récitons ce verset afin de nous aider à contrer, dans la société, le mal commis aussi bien par nous-même que par les autres à notre encontre. Faisons notre part de travail dans la promotion et la diffusion de la vertu afin que la contamination du péché, tant sur le pécheur que sur la société soit stoppée par le bien, et que les ténèbres soient remplacés par la lumière. Telle est la qualité de ceux qui sont loués par Allah dans le Saint Coran comme les Ulul Albāb. Puissions-nous être parmi eux – Āmin.

 

Sources:
Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Editeur), Tafsire Namune;
‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān.