Réflexion Coranique 118. Āyat 61:2 – Concordance entre la parole et l’action

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِمَ تَقُولُونَ مَا لَا تَفْعَلُونَ
 Ô vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ?
(Sūratus Saff, No.61, Āyat 2)

L’une des qualités d’un vrai croyant est l’harmonie entre sa parole et ses actions. Lorsque la parole est sincère, elle est mise en œuvre et réalisée. Elle reflète ce qui se trouve dans le cœur et quand les mots ne sont pas prononcés de manière sincère, donc non suivis par les actions, cela revient à être hypocrite ou faible.
Ce comportement est dangereux tant pour l’individu que pour la société. On ne peut faire confiance à une telle personne, et un groupe composé de ce genre d’individus ne peut avoir de liens solides, ni de relations saines.

Le verset ci-dessus demande aux croyants pourquoi ils disent des choses qu’ils ne mettent pas en action. Cela montre que certains croyants, qui n’ont pas atteint un haut niveau de foi, sont capables d’une telle contradiction entre la parole et l’action. Ils sont réprimandés dans ce verset afin qu’ils prennent garde et changent. Ce verset est suivi d’une déclaration indiquant une extrême aversion face à une telle action. Allah dit dans le verset suivant : C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas.
(Q 61:3). ‘Allāmah Tabātabā’ī dans al-Mīzān explique que lorsqu’une personne n’a pas l’intention de d’agir en accord avec sa parole, alors cela est considéré comme de l’hypocrisie. Mais lorsque l’intention est réelle, mais que plus tard, elle est incapable d’agir comme tel, alors cela est considéré comme une faiblesse.

Ce verset s’applique aux dires du croyant de faire telle ou telle chose. Il est facile de parler, c’est pourquoi de nombreuses personnes diront énormément de choses et prétendront faire beaucoup. Mais il est plus difficile de les réaliser avec des actions réelles.

Amīroul Mo’minīn Imam Ali (a) condamne ceux qui prétendent vouloir se battre à ses côtés mais qui finalement ne le suivent pas dans l’action. Il dit : Votre parole amollit les roches dures et vos actions rendent vos ennemis avides. Vous parlez dans vos réunions que vous allez faire telle ou telle chose, et si le combat s’impose, vous dites « loin de nous, loin de nous ». L’appel de celui qui vous invite n’est pas honoré. (Nahjul Balāgha, Sermon 29).

Le verset s’applique également aux promesses qu’une personne fait. L’islam met l’accent sur l’accomplissement des engagements et des promesses, et réprouve leur non-respect.

Imam Ali (as) dans sa lettre à Malik al-Ashtar dit: Si vous concluez un pacte avec votre ennemi ou vous vous engagez envers lui, respectez votre accord et acquittez votre engagement fidèlement. Placez-vous comme un protecteur vis-à-vis de tout ce que vous avez promis car, parmi les obligations d’Allah, malgré la différence des idées et des opinions il n’y a rien qui unit aussi fortement les gens que le respect de la réalisation des promesses. Hormis les musulmans, même les incroyants ont respecté les accords car ils ont réalisé les dangers qui viendraient à la suite d’une violation de ceux-ci. (Nahjul Balāgha, Letter 53).

L’Imam Ja’far al-Sādiq (as) se réfère également à ce verset lorsqu’il parle de l’importance de tenir une promesse. Il dit: Une promesse d’un croyant est un serment, bien qu’il n’y ait pas de kaffāra (peine) lorsqu’il le brise. Quiconque l’a négligé a négligé Allah et est un sujet d’aversion pour Allah. Alors l’Imam a cité le verset ci-dessus et le verset qui suit. (Al-Kāfī, v. 2, p. 363)

Le respect de la promesse était si important pour le Saint Prophète (swt), qu’il préféra donner le seul esclave qu’il avait à son compagnon plutôt qu’à sa fille. Lorsque Sayyida Fātima al-Zahrā (as) demanda une aide en disant : « O Messager d’Allah! Pouvez-vous m’accorder un esclave ou un assistant? Ne voyez-vous pas les effets du moulin à main sur mes mains? ». Soudainement, le Saint Prophète (swt) se souvint de sa promesse et se dit: Alors que je l’ai déjà promis à Aboū Haitham [Ibn Tayyahān], comment puis-je accorder à ma fille la priorité sur lui, bien que ma fille tourne le moulin à main avec ses mains faibles et délicates? (Mahajjah al-Baydhā, v. 5, p. 338 cité dans Anecdotes of Reflection, Part 3, p.134).

Récitons ce verset pour nous rappeler l’importance du respect de notre parole.Ne prenons pas nos paroles à la légère. Disons seulement ce que nous pensons vraiment et ce que nous pouvons réellement faire. Cela nous aidera à éviter de faire ce qu’Allah dit détester énormément.

Sources: Amīrul Mu’minīn Imam Ali bin Abu Talib, Nahjul Balāgha; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed.), Tafsīr-e Namūne.