Réflexion coranique 107. Āyat 6:36 – Ceux qui répondent à l’appel

إِنَّمَا يَسْتَجِيبُ الَّذِينَ يَسْمَعُونَ
Innamā yastajībul-ladhīna yasma‘ūn
Seuls ceux qui entendent répondent à l’appel [de la foi].
(Sūratul An‘ām, No.6, Āyat 36)

Lorsque le Saint Prophète (s) fut affligé par les gens qui n’acceptaient pas son invitation à n’adorer qu’un Seul Dieu, Allah le Tout-Puissant le rassura en lui disant qu’en réalité, bon nombre d’entre eux ne l’entendent pas. Ils peuvent entendre physiquement avec leurs oreilles. Mais les êtres humains ont également des oreilles internes qui réagissent face à la vérité. Ces oreilles sont sensibles à ce qui est naturellement juste et assimilent la sagesse et la vertu. Certaines personnes perdent leur ouïe interne et ne sont pas conscientes de leur surdité. En fait, la perte des sens internes s’applique également aux autres sens. Le Qur’an dit à propos de telles personnes : Sourds, muets, aveugles, ils ne peuvent donc pas revenir (de leur égarement). (Q 2:18).

De la même manière que l’être humain possède un corps physique par lequel il interagit avec la matière dans le monde, il a possède également un corps immatériel par lequel il interagit avec les autres formes d’existence. Ce corps immatériel a également des yeux et des oreilles. Shaykh Muhammad Saeed Bahmanpour dit dans son livre Towards Eternal Life: La plupart des gens sont incapables d’utiliser leurs sens immatériels dans ce monde et ne prennent conscience de leur existence qu’à la mort. Toutefois, beaucoup de gens utilisent leurs facultés sans même s’en rendre compte. Il y a ceux qui voient les signes de Dieu dans chaque chose qui les entoure, ceux qui acquièrent la foi en entendant les versets révélés par Dieu et ceux qui tirent des leçons durables à partir des expériences des générations passées ; tout cela arrive parce que leur intellect immatériel (malakūtī) est actif  (pp. 22-23)

Être capable d’entendre avec les oreilles de l’âme permet à une personne de:
– répondre à celui qui appelle vers Dieu
– se connecter à ce qui fait appel à l’instinct naturel de l’être humain
– entendre ce qui est le plus important pour mener une existence tranquille de façon constante
– mener une vie intense et pleine de sens
– être attentif aux sons qui aident au développement vers la perfection.

La capacité à entendre avec les oreilles internes est naturelle. Mais celle-ci, peut s’affaiblir voire même s’éteindre. D’un autre côté, elle peut être accrue au point que la personne puisse continuellement saisir les choses que les autres ne peuvent entendre.  Ces sons ne sont pas imaginaires mais ils sont au-delà du matériel. Imam Ali (a), la personne la plus à même de percevoir de tous ses sens, parle de son expérience au moment où il a donné le ghusl au corps du Saint Prophète (s) :  Je me suis chargé de lui faire les dernières ablutions, aidé par les anges qui se succédaient groupe après groupe ; cela créait un véritable grouillement dans la demeure. Leurs louanges murmurées ne cessèrent de chatouiller mes oreilles jusqu’à sa mise dans la tombe.  (Nahjul Balagha – Paroles de l’Imam Ali lors de son accession au caliphat)

L’affaiblissement ou l’acuité des oreilles interne dépend entièrement de l’être humain lui-même. Un entêtement constant et les actes de désobéissance forment un voile sur ses oreilles. Le rejet des paroles de sagesse qui découlent de la raison et de la vertu sincère, inhibe les sens de l’âme. C’est ainsi qu’un sceau se forme, ne résultant pas du commandement d’Allah mais engendré en réalité, par ses propres actions.

Récitons ce verset pour nous inspirer à véritablement écouter, à entendre avec les oreilles du cœur. Nous trouverons alors notre cœur plus enclin, voire même aspirant aux paroles de vérité. Cela peut devenir une habitude qui va non seulement renforcer nos oreilles internes, mais également illuminer notre vie de différentes façons. C’est la seule manière de répondre à Son appel.

Sources: Imam Ali bin Abu Talib, Nahjul Balāgha; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed.), Tafsīr-e Namūne; Muhammad Saeed Bahmanpour, Towards Eternal Life.